jeudi 11 mai 2017

Le tympan de l'abbatiale Sainte-Foy à Conques

Au portail occidental de l'Abbatiale de Conques une profonde voussure en plein cintre abrite le Tympan qui représente le jugement dernier inspiré de l'évangile de Matthieu. Une des œuvres majeures de l'époque romane (première moitié du XIIème siècle) faite sous l'abbatiat de Boniface par un sculpteur qui aurait aussi travaillé à la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Le vaste demi-cercle du tympan est séparé de trois registres superposés que séparent des bandeaux d'inscriptions. les registres sont séparés par une vingtaine de compartiments qui ont été sculptés au sol par l'artiste et habillement assemblés.
 Le tympan est large de 6, 70 mètres et haut de 3,60 mètres. Il abrite 124 personnages dans un état de conservation exceptionnel. Tout s'ordonne autour du Christ qui lève le bras droit pour accueillir les élus et baisse la main gauche pour désigner l'enfer aux damnés. Il vient dans la gloire accomplir le triomphe du bien sur le mal qui, comme le Grain et l'Ivraie ont grandi ensemble durant tout le temps.
 Le Christ trône dans une gloire en amande parsemée d'étoiles parmi les nuées représentées par cinq rangées de petits festons. Ses vêtements sont échancrés  sur le flanc pour laisser apparaitre la plaie du coup de lance. Il apparait entouré des anges-chevaliers pour maintenir la foule, deux anges portant des flambeaux, deux anges sonneurs de cor qui garnissent les deux écoinçons du registre supérieur, et enfin deux anges armés l'un de clou, l'autre du fer de lance qui portent la lourde croix
 Le christ prononcera les paroles gravées dans les banderoles que déroulent les Anges à ceux de droite:
"Venez les bénis de mon Père, possédez le Royaume préparé pour vous". Et à ceux de gauche:
"Eloignez vous de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable". Sous le Christ la scène de la pesée des âmes.
 Partie de gauche: L'enfer où tout est désordre, agitation convulsive, violence, effroi. Satan , le pendant d'Abraham au centre du linteau de droite préside aux supplices hallucinants de l'enfer les pieds posés sur le ventre d'un damné couché dans les flammes. A ses côtés tout un peuple hideux de démons s'emploie à châtier avec plaisir les auteurs des pêchers capitaux .
Le panneau de droite est consacré à un horrible supplice : un damné assis, tombé entre les mains d'un démon à la tête de mégère est écorché vif, tandis qu'une autre créature satanique dévore sa peau avec délectation. À côté, l'ivrogne pendu par les pieds vomit le vin dont il avait tant abusé sa vie durant. En 1940, le moulage du tympan de Conques pour le musée parisien des Monuments français, aujourd'hui Cité de l'Architecture et du Patrimoine, avait permis d'identifier le faux monnayeur, à l'intérieur du petit triangle situé au-dessus de l'ivrogne. Ceci grâce à son outillage : une enclume, une sébile remplie de pièces de monnaie et surtout le coin monétaire, sorte de tube qu'il tient serré dans sa main. Le plus stupéfiant est que le sculpteur ait pris soin de graver à l'extrémité de cet instrument minuscule et que nul ne pouvait voir d'en bas la matrice d'une monnaie avec l'inscription cunei (coin). Pour ce faussaire assis dans les flammes, le supplice consiste à avaler de force le métal en fusion versé par un démon.
Partie de droite: Partie du bas: Le paradis où tout est ordre, clarté, paix contemplation et amour. Partie du haut: Le peuple des élus est en marche vers la droite du Christ, guidés par la Vierge, elle-même suivie de Saint-Pierre tenant la clé du paradis. Les derniers de la procession:
L'ermite Dadon, le fondateur de l'abbaye, puis un abbé entrainant l'empereur Charlemagne le bienfaiteur légendaire du monastère. Sur le triangle symétrique à gauche, des petites arcades évoquent l'église de Conques avec des ex-voto offerts par les prisonniers libérés, et Saint-Foy est prosterné devant la main de Dieu.

                                         Gravé à la base du linteau:
O PECCATORES TRANSMUTETIS NISI MORES
JUDICIUM DURUM VOBIS SCITOTE FUTURUM
« Pécheurs, si vous ne réformez pas vos lois,
sachez que vous subirez un jugement terrible ».

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